Techniques
du
manga
Oubliez
tout de suite le préjugé qui consiste
à dire : « le dessin
est un don , moi j'l'ai pas alors ch'ais pas dessiner
».
On
ne
naît pas doué en dessin. On peut seulement devenir
doué en
travaillant : Le dessin n'est pas un don inné qui tombe du
ciel ,
mais bel et bien une technique qui s'acquiert avec de la
persévérance (cela est d'ailleurs en
général vrai pour toutes
les techniques). Un bon dessinateur est fait d'l % d'inspiration
et de 99 % de transpiration ! Alors affûtez vos, crayons et
préparez-vous à souffrir...
La
théorie :
Autant
commencer cette série de techniques du manga par son auteur
le
plus célèbre, TORIYAMA. Comme nombre de
dessinateurs à
succès, il a un style particulier, bien à lui,
unique. Il va
s'agir pour nous de s'efforcer de reprendre ses dessins avec le
plus de fidélité possible. Pour cela il y a
quelques petits
trucs qui seront bien utiles au mangaka (auteur de manga) qui
sommeille en chacun de nous, afin de lui faciliter la tâche
et
de lui permettre de parvenir sans - trop de - difficulté
à un
résultat plus que satisfaisant.
On
voit très souvent les débutants s'attarder sur
les détails,
les doigts crispés sur le crayon, fignolant un oeil ou une
oreille alors que l'ensemble du corps n'est pas en place. Bien
souvent, le résultat est un dessin laborieux et maladroit,
où
les détails et les matières ont
été respectées (parfois
très scrupuleusement), mais qui donne la fâcheuse
impression
de se " casser la gueule " ( il tombe, il lui manque de la
ressemblance sans qu'on sache exactement pourquoi...), c'est
à
dire qu'il est plus ou moins biscornu, selon que la
répartition
s'est faite de façon plus ou moins heureuse.
Mais
nous allons arranger ça, le but de cet article est
justement de
systématiser votre application, d'ordonner vos traits
autour
d'un squelette correctement proportionné. Car tout comme une
maison obéit à un plan, le corps
obéit à un squelette plus
ou moins simple selon les dessinateurs. Ces
règles qui
régissent les corps et les choses sont immuables et
s'acquièrent par l'apprentissage.
Vous
ne pouvez pas ne pas avoir remarqué (je frappe le premier
qui me
dit non
) que tous les
personnages de Toriyama ont un air de
famille (surtout les personnages masculins). C'est qu'il
construit ses personnages autour d'une base, d'un modèle
(obtenu
à partir du canon humain qu'il a traduit selon sa propre
sensibilité, son style), qu'il décline ensuite
au gré des
particularités de chaque individu (yeux plus ou moins
ouverts,
coupes de cheveux variées, oreilles pointues, signe
distinctif
etc...). Il vous suffit donc de connaître par coeur le
modèle
initial pour pouvoir être à l'aise avec presque
tous les
personnages et les redessiner à loisir.
La
pratique :
Le
crayonné
:
Plutôt
que de
faire un trait hachuré qui tâtonne, en " dents de
scie
", ayez des traits vifs et maîtrisés. Ne crispez
pas la
main, mais faites au contraire bouger l'ensemble du bras avec
souplesse. Au début, évidemment, cet
imbécile de crayon et
cette idiote de pince qui vous sert de main vont vous trahir,
refuser de vous donner le trait juste. Ils ne veulent pas
obéir
? Qu'à cela ne tienne, gommez le trait incorrect et
recommencez
jusqu'à ce qu'il en sorte un juste. Avec de
l'entraînement,
les traits justes se feront de plus en plus nombreux.
D'
abord,
remarquez que le modèle comporte des
caractéristiques
invariables : un crâne en forme d'ampoule, des sourcils en
triangle pointés vers le nez, des joues fortement
inclinées
suivent une ligne se prolongeant jusqu'à la jointure des
clavicules, et une symétrie verticale autour de l'axe du
milieu
du visage lorsqu'il est de face. Observez ! Tâchez de bien
voir
les masses, les volumes, en un mot les proportions du sujet.
C'est la première chose à apprendre (j'insiste),
et c'est
d'elle que dépend la réussite du dessin final.
Ces
volumes
s'organisent autour des axes du corps. Ce sont eux que vous
devrez tracer en premier, pour qu' ils donnent les inclinaisons
et les longueurs des diverses parties du corps souvent
symétriques).
Marquez invariablement les articulations
du
coude
et du genou à mi-distance des membres respectifs. Les mains
tombent en général à mi-cuisse.
Réduisez les volumes à
modèle, des figures géométriques
simples (cercles, carrés,
triangles, etc...) se rapprochant le plus du modéle.
Commencez
par dessiner les volumes les plus gros pour aller vers les
détails (la tête, le torse, les membres, puis
les yeux, les
oreilles, les mains, etc.) et non l'inverse. Mettez en place
les différentes masses en considérant l'ensemble
du dessin (ne
vous collez pas le bout du nez sur la feuille !).
Toutes
ces
indications ne sont pas là rien que pour vous
embêter. Ce sont
des repères qui vous permettront de ne pas vous planter et
de
dessiner des personnages souples et proportionnés.
L'
encrage
:
Une
fois obtenu
un crayonné qui tient la route, voyons comment nous allons
l'achever (le dessin, pas l'auteur). Commencez par
déblayer
votre espace de travail de tout ce fouillis qui l'encombre
inutilement pour ne garder que l'essentiel (papier, crayon,
gomme, encre de Chine, plume et modèle bien
sûr). Car
l'idéal pour encrer reste l'encre de Chine (un petit flacon
suffit), appliquée avec la petite plume d'un de ces
porte-plumes réversibles bon marché
Conté (souvent n°1770), puisque c'est la seule
méthode qui permet de restituer les
pleins et les déliés des dessins originaux du
manga.
Vous
vous
rendrez vite compte que pour obtenir une finesse de trait
égale
à celle du modéle, il faudra dessiner plus grand
(pour un
manga Jump Comics, le double environ). Travaillez de
préférence sur un plan incliné pour
mieux voir l'ensemble et
surtout pour éviter les anamorphoses
(déformations dues à la
perpective : on voit les pieds plus grands que la tête, et
on
en déforme inconsciemment pour compenser). Trempez
généreusement la plume dans l'encre, puis faites
des essais
sur une chute de papier identique à celui de
l'exécution
(évitez les papiers buvards). Répétez
le trait à vide, à
quelques millimètres de la bien feuille, pour «
enregistrer »
la trajectoire (comme un éclaireur qui repère la
route à
prendre). Autre
principe
à connaître : tirez les traits vers vous, c' est
à dire du
haut vers le bas, ceci afin de ne pas accrocher les fibres du
papier. Pour respecter cette règle, n'hésitez
pas à tourner
votre dans tous les sens. Enfin, jouez sur les pleins et les
déliés en appuyant plus ou moins sur la plume en
fonction de la
largeur de trait désiré, et attendez que le
papier ait
absorbé l'encre avant d'y poser vos mains, au risque
d'avoir
des surprises.
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Conclusion :
Voilà,
la
torture est finie. Mais si j'en vois qui sont impatients de commencer,
il y en a toujours un pour objecter qu'il ne sert à rien de
s'encombrer de toutes ces règles. Détrompez-vous!
Car
la
finalité de cet article est non seulement de vous aider
à
récupérer du Toriyama fidèlement, en
procédant avec méthode, mais au-delà,
de vous permettre de « faire
» du Toriyama
sans aucun modèle sous les yeux, et cela viendra tout seul
à
force d'en recopier. Il vous suffit de bien respecter les quelques
règles, simples mais efficaces, humblement fournies par
votre
serviteur, et vous dans quelques temps - avec un peu de pratique
- en mesure de « mangater » par vous
mêmes, sans modèle. Ça
mérite
bien quelques efforts ! Alors courage !
Persévérez ! Et
n'oubliez
pas que dessiner doit être un plaisir , non une
corvée !
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Cet
article est
tiré d'un trés vieux N° du
magazine
Voici quelques'un des squelletes de mes dessins